Réflexion

Formula E : spectacle, sport ou laboratoire ?

il y a 3 ans

Nissan, BMW, Mercedes, Porsche, DS, Jaguar, Audi…. Autant de constructeurs qui se sont lancés dans le bain de la Formula E, une discipline décriée par les puristes du sport automobile, mais adulée par les ingénieurs et les conseils d’administration des plus grandes sociétés liées à la mobilité.

 

Des pilotes de très haut niveau, des courses en ville sur des circuits créés de toutes pièces pour l’occasion, une communication très professionnelle, un calendrier parfaitement étudié, un plateau très équilibré et une progression constante de la réglementation… Voilà quelques-uns des ingrédients qui ont fait le succès de la Formula E. Mais surtout, elle veut être un laboratoire à ciel ouvert des nouvelles technologies liées à la voiture électrique. Pour en savoir plus sur la motivation des teams et des constructeurs, nous avons rencontré Thomas Chevaucher, directeur technique de la Formula E chez DS et, depuis le 15 avril, directeur de DS Performance.

 

Quelle est votre fonction exacte dans ce programme-course ?

« C’est très simple : je poursuis le boulot entamé par mon prédécesseur, Xavier Mestelan, en mettant tout en œuvre pour remporter les titres Equipe et Pilote. Par ailleurs, je travaille au développement de la prochaine voiture (la future configuration Gen3). »

 

Vous évoluez depuis de nombreuses années dans le groupe PSA. On vous a vu très impliqué avec Peugeot Sport, mais aussi Citroën en WRC et WTCC. La Formula E, c’est un autre monde ?

« Oui, mais le principe est le même : la recherche de la performance dans le cadre d’un règlement établi. Ici, il est assez particulier, puisque les moteurs sont identiques pour tous. Le boulot de l’équipe est d’intervenir sur les batteries, la transmission et surtout la stratégie. Dans une épreuve de Formula E, on ne peut pas dire au pilote de rouler non-stop à fond, il y a toute une gestion d’économie et de récupération d’énergie. C’est principalement sur ces deux aspects qu’il est possible de faire la différence. L’énergie récupérée pendant la course correspond à 35%, voire même 40%, de l’énergie totale consommée durant l’épreuve. C’est énorme ! Et au final, cela débouche sur toute une série d’enseignements que nous transférons à notre gamme de voitures électriques. »

 

Sauf que la Formula E recherche en priorité la performance avec de très grosses puissances utilisées pendant une course de 45 minutes plus 1 tour… ce qui est quand même très différent de l’utilisation conseillée pour une voiture électrique au quotidien ?

« Bien sûr, mais la course est un laboratoire qui permet de pousser les technologies dans leurs derniers retranchements. Après, pour la voiture de route, nous calculons le meilleur compromis possible. Les applications de la piste à la route se concentrent surtout la charge des batteries, la consommation et la récupération d’énergie (le fameux mode B de la boîte). Notre DS 9 E-Tense 4x4 360 est clairement le résultat de nos recherches sur la piste. »

 

Tout au long de la saison, on assiste à de belles passes d’armes avec une brochette de vainqueurs différents. Ça change de la F1 ?

« En Formula E, la puissance est règlementée : 200 kW pendant la course, 235 kW/h pendant les deux mode-Attack prévus et 250 kW pour les pilotes qui bénéficient du Fan Boost pendant 2-3 secondes. Le châssis et l’aérodynamique sont également communs à toutes les voitures. Cela signifie que les performances sont très comparables et que la victoire se joue sur des détails, principalement liés à la gestion de l’énergie. Voilà pourquoi à peu près tous les teams sont des vainqueurs potentiels. »

 

Et pourquoi pas 250 kW pendant toute la course ?

« La voiture ne pourrait pas tenir pendant près d’une heure avec un tel niveau de puissance. Les sollicitations thermiques seraient trop importantes. Voilà d’ailleurs encore un domaine sur lequel nous nous concentrons et qui est important pour le futur des voitures électriques en général. D’où la solution du mode-Attack qui donne un attrait supplémentaire à la compétition. »

 

Et le rôle des pilotes ?

« En dernier recours, c’est lui qui est dans la voiture et qui gère la course (sic !). Le pilote reste un élément essentiel. Il lui faut beaucoup de sang-froid pour contrôler l’ensemble des paramètres liés à l’énergie alors qu’il est en pleine bagarre. Avec Jean-Eric et Antonio, nous avons deux maîtres en la matière. Bien sûr, nous pouvons les aider depuis les stands, mais nous ne savons pas et ne pouvons pas intervenir à distance. »

 

Quels sont les évolutions prévues sur la prochain Formula E Gen3 ?

« L’idée est de passer de 35 à 50% de récupération d’énergie, de pouvoir afficher 350 kW lors des qualifications, d’améliorer la rapidité du chargement et de travailler sur le poids de l’auto. »

Mots-clés: Réflexion Actualités
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