Réflexion

Les Carnets de Joris : H2 ou pas H2 ?

il y a 2 ans

Hormis Hyundai et Toyota, aucun acteur du secteur automobile ne semble croire en la voiture individuelle mue par l'hydrogène et la pile à combustible. Mais ça pourrait changer.

Volvo veut que d'ici 2030, la moitié de ses voitures vendues soient des électriques à batterie, l'autre moitié des hybrides plug-in. Håkan Samuelsson, CEO de la marque suédoise sous tutelle chinoise, l'a confirmé récemment dans un interview accordé à la presse allemande : « L'hydrogène sera peut-être adapté aux véhicules commerciaux, mais ce n'est pas un carburant d'avenir pour les voitures personnelles. » Samuelsson grossit donc les rangs des sceptiques, tout comme Herbert Dies, patron de VW, qui n'y croit même pas pour les camions. Sur Twitter, il a déclaré : « L'électrification est le bon chemin. Le grand rêve de camions roulant à l'hydrogène vert, c'est du passé. C'est une solution de niche ! »

 

Le solaire pour inverser la vapeur

Mais l’attitude de ces messieurs pourrait être très différente si cet ‘hydrogène vert’ un tantinet snobé voyait son prix chuter et devenait même moins cher que le gaz naturel… Les experts du bureau de recherche en énergie BloombergNEV (BNEV) ont découvert que ça pourrait bien être le cas d'ici 2050. Principal catalyseur de ce développement : la baisse des coûts de production de l'énergie photovoltaïque. Explication : grâce à plusieurs facteurs comme l'automatisation, un moindre recours à la silice et à l’argent, la meilleure efficacité des cellules et l'arrivée de panneaux à deux faces, le prix de l’énergie solaire pourrait être, en effet, 40% inférieur à ce que les experts avaient prédit il y a deux ans. Oui, mais, l’hydrogène dans tout ça ? Eh bien, justement, le solaire pourrait être utilisée pour la production d'hydrogène vert, sa forme la plus écologique, puisque obtenue par électrolyse de l'eau : un procédé très gourmand en électricité et qui, pour être libre de toute émission, doit être réalisé au moyen d'énergies renouvelables.

Vert, bleu ou gris ?

« Au final, cela abaisserait considérablement le coût de l'hydrogène vert renouvelable, ce qui, à terme, pourrait complètement redessiner le paysage énergétique » affirme Martin Tengler, chef-analyste de BNEV. Les chercheurs parlent de moins de 1$ (0,83 euro) par kilo, contre 2,50 à 6,80$ aujourd’hui ! Il faut savoir que 95% de l'hydrogène produit dans le monde est ‘gris’, puisqu’obtenu au moyen de gaz naturel fossile, générateur de CO2. Avec un prix de 1 à 1,80$, il est 2,5 à 3,7 fois moins cher que l’hydrogène vert. Mais si on veut qu'il soit neutre en carbone, il faut capturer le CO2 via un procédé extrêmement onéreux. On parle alors d'hydrogène ‘bleu’ dont le prix est de 1,40 à 2,40$ par kilo. Or, d'après BNEV, le coût de l'hydrogène vert pourrait être inférieur à celui de l'hydrogène bleu d'ici 2030.

 

La bonne affaire !

Actuellement, l'hydrogène dont on remplit le réservoir des Toyota Mirai et Hyundai Nexo est principalement gris. Il coûte quelque 10€/kg à la pompe et il en faut 5 à 6 kilos pour une autonomie comparable à celle d'une voiture à essence. Le prix de revient se situe donc entre ceux de l'essence et du diesel. Mais imaginez que demain, l'hydrogène soit moins cher que l'essence…

Mots-clés: Réflexion Actualités
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