Réflexion

Mais pourquoi s’énerve-t-on sur la route ?

il y a 2 ans

On a tous déjà pu observer la transformation d’une calme et douce personne en Gremlins d’après minuit par le simple fait d’être au volant de sa voiture… En quoi conduire favorise nos réactions primaires, injures, invectives et noms d’oiseaux peu reluisants ? J’ai relevé quatre éléments de réponse;

Tout d’abord, la route est un espace fortement codifié où les normes sont clairement énoncées. Cela implique que chacun DOIT les respecter. Et malheur à celui qui les transgresse ! Il s’expose, en effet, à l’irritation d’autrui qui se chargera de lui rappeler où sont les règles. Non mais ! Ce malotru s’octroie un bout de liberté auquel nous avons renoncé !

 

Parlant de liberté, cela m’amène au second point. Enfermés dans notre voiture, nous trônons au cœur de notre propriété privée, de laquelle nous considérons que la route nous appartient. Elle n’est plus un bien commun à partager, mais devient un espace à individualiser au service de notre « libre circulation ». Cette considération s’est renforcée avec l’utilisation des smartphones qui nous confinent (tiens, tiens…) dans des silos isolés. Ils font de notre trajectoire LA voie prioritaire. De plus, étant à l’abri du contrôle social qui peut s’opérer dans les transports en communs (ndlr : le fait de pas vouloir « perdre la face » au regard des autres), nous imaginons avoir le droit d’injurier allégrement nos congénères à roulettes !

 

Ensuite, évidemment, être conducteur (peu importe le moyen de mobilité) amplifie la peur de l’accident et par extension l’angoisse de mourir. C’est somme toute assez légitime et cela exacerbe forcément l’agressivité envers le fauteur de troubles. Notons d’ailleurs que la couverture du classique constat européen d’accident revêt cette formulation : « Ne nous fâchons pas, restons courtois, soyons calmes ». C’est reconnaître que chacun est dans son émotion et qu’il convient d’en sortir pour gérer l’aspect matériel du désagrément.

 

Enfin, les déplacements, quels qu’ils soient, mettent au défi notre rapport au temps. Ce dernier s’étant considérablement (dramatiquement ?!) accéléré, nous exigeons non seulement la ponctualité mais aussi l’immédiateté. Alors quoi de plus énervant qu’un feu rouge qui dure un peu trop longtemps ou un métro qui a cinq minutes de retard sur l’horaire annoncé ? D’ailleurs, les concepteurs de sites internet ont bien compris qu’une page qui « rame » pour s’afficher quand le consommateur attend au feu rouge n’est pas digne d’intérêt (pour rappel, pas d’utilisation du GSM au volant).

 

A l’aube des départs en vacances, voici un « pense-bête » utile pour réduire l’énervement sur la route. La clé réside dans la capacité à revenir à soi. D’abord, s’écouter et se rassurer, pour ensuite être disponible à l’autre... puisqu’il est dit que l’irritation nous coupe de toute tolérance envers nos congénères. La prochaine fois que nous sentons la moutarde nous monter au nez, rappelons-nous que la personne en face éprouve les mêmes émotions et les mêmes peurs. Donc… plus d’empathie, moins d’animosité !

Mots-clés: Réflexion Actualités
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