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Essai Citroën Ami : l’Ami des banlieues

il y a 2 ans

Enfin commercialisée en Belgique, la petite Citroën est un « cas d’étude » intéressant, une singularité dans le marché automobile. Complètement électrique et vendue à un prix imbattable, celle qui n’est pourtant qu’une voiturette s’intègre sans problème dans la circulation urbaine. Mais est-ce l’unique territoire de l’Ami ? Peut-elle sortir des agglomérations pour s’épanouir en périphérie ? Nous avons tenté le pari. Et c’est assez concluant.

Un drôle d’œuf à 4 roues et 2 places assises : longueur 2,41 m, largeur 1,39 m, ce qui permet de se garer dans un trou de souri et, en plus… ça roule ! Mais pas très vite : 45km/h via un moteur de 6kW branché sur une batterie lithium-ion de 5,5 kWh qui se recharge en 3 heures sur n’importe quelle prise électrique domestique de 220V. Et ce, à l’aide d’un câble dissimulé dans le contrefort de la portière-passager. Rien de plus simple.

Une bouille incroyable

Oui, l’Ami est simple mais pas simpliste. L’engin est bien pensé et magnifiquement dessiné : non contente d’avoir une bouille incroyable, cette Citroën zéro CO2 possède une hauteur de caisse quasi standard (1,52m), ce qui la rend parfaitement visible dans le trafic. Juchée sur des roues de 14 pouces, elle vire assez serré (diamètre de braquage : 7,20m) et accélère bon train pour ne pas gêner les voitures qui la suivent quand le feu passe au vert. Dans l’habitacle, l’ambiance est sympa. Certes, ce n’est pas le grand confort premium, mais on ne se sent pas étriqué et c’est très lumineux : les designers n’ont pas lésiné sur les surfaces vitrées, ajoutant même un toit panoramique qui ne peut malheureusement pas coulisser. Car si l’Ami coûte à peine 7.290€ TVAC* dans sa version de base et 8.690€* full équipée, les financiers de Rueil-Malmaison ont quand même voulu se ménager une part de rentabilité en rognant sur la dépense là où ils le pouvaient, rappelant au passage que c’est une voiturette et qu’elle ne doit donc pas être livrée avec extincteur, triangle, feu arrière anti-crash, etc. Ce qui ne vous empêche pas d’améliorer le set de départ si vous êtes imaginatif et un tantinet bricoleur !         

Quelques précautions

Avant d’entamer cet essai, il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’en Belgique les voiturettes sont autorisées dès l’âge de 16 ans. Le permis cyclo (AM) est exigé, à moins d’être né avant le 15 février 1961. Dans ce cas, on est exempté. Mais que vous soyez senior ou junior, le véhicule doit être enregistré à la DIV et muni d’une plaque d’immatriculation. Côté assurances, une responsabilité civile suffit. Une fois ces obligations remplies, la route est à vous…à quelques exceptions près : les rings, les autoroutes et les chaussées de catégorie F9 (voies rapides). En revanche, comme l’Ami est 100% électrique, elle est admise dans les zones à basses émissions. Ce qui signifie qu’avec une autonomie limitée à 75 km (WMTC), il faut préparer ses déplacements, connaître l’itinéraire, ne pas improviser, et à plus forte raison si on envisage des parcours de 25 à 30 km, et retour… A 10 ou 15 km près, on frôle la panne de courant. Dès lors, deux précautions : l’Ami dispose d’un emplacement central adapté au smartphone afin que le conducteur puisse recourir aux applications dédiées à la navigation. Ça peut toujours servir. Bien sûr, un affichage numérique informe du kilométrage parcouru, mais parfois, au gré des embouteillages, des détournements, on frôle l’immobilisation faute d’accus. C’est alors - deuxième précaution - qu’on est bien heureux de pouvoir recharger sur une borne publique, à condition d’avoir le câble adéquat (disponible en option chez Citroën) ; lequel se branche aussi sur une Wallbox.      

Aller à l’essentiel

Installons-nous. Surprise : le verrouillage n’est pas centralisé. Il faut un tour de clé à chaque serrure pour prendre place. Les sièges sont compacts et fermes, mais d’un bon maintien. Pour libérer un espace de chargement important aux pieds du passager, son siège est fixe, sans glissière, et reculé au maximum. Ce décalage évite que les deux occupants soient épaule contre épaule. Autre avantage : le conducteur a ainsi une excellente visibilité sur son côté droit. Tiens, de l’intérieur, comment actionne-t-on l’ouverture des portières ? En tirant sur des lanières. C’est très roots ! Idem pour les deux vitres latérales qu’on bascule manuellement vers le haut, comme sur la vénérable 2CV ! La comparaison entre l’Ami et la « Deuche » pourrait aller plus loin si l’on se rappelle que les premières 2CV dépassaient difficilement 60 km/h (en tout cas la type A de 1948 avec ses 9 ch et ses 375 cc)… Maintenant, contact. Direction Louvain au départ de Tervuren sur une 2 bandes limitée à 70 km/h, comme souvent en Flandre. En dehors des heures de pointe, il y a peu de circulation et les automobilistes ne semblent pas gênés par notre 45 km/h sénatorial. D’autant que dans chaque commune traversée, c’est 50 km/h maximum. Et 14 km plus loin, nous touchons au but, l’Abbaye du Parc, en 22 minutes précises. Avec un véhicule « normal », il faut compter 15 minutes. Le retour se fait dans l’obscurité et sous une pluie battante. Les phares assurent, l’essuie-glace aussi, et la ventilation, quoique très basique, se charge de la buée qui a tendance à s’installer très vite dans ce drôle d’aquarium. Back home. Premier test concluant.      

Franchement pas déçu

Après une recharge complète, seconde sortie, le lendemain matin, cette fois vers Jette au nord de Bruxelles. Pas question de prendre le ring avec l’Ami. On se dirige vers le rond-point Schuman, on remonte la rue de la Loi, puis à droite, avenue des Arts, pour continuer droit devant jusqu’à la Basilique que nous rejoindrons en surface, préférant éviter les tunnels. Delà, cap sur l’avenue de l’Exposition, notre destination. Ça nous a pris 45 minutes pour 22 km au lieu d’une petite demi-heure par l’itinéraire le plus court et sans être bridé à 45 km/h. Franchement, nous ne sommes pas déçus, ni courbaturés. Dans le trafic urbain, on a tenu le rythme des autres, sauf sur quelques tronçons rectilignes. L’auto se comporte bien, mais il ne faut pas tâter des bordures, sinon la petite chevronnée a tendance à se déstabiliser vu sa faible surface au sol et malgré ses 4 roues fixées aux extrémités du châssis. Pour rentrer, autre parcours, par Laeken, Evere et Kraainem : plus long, 25 km, mais même timing. Avec une performance de choix dans la descente le long du parc royal : en mettant l’Ami au point mort (neutral), notre bolide fendant l’air a approché les 70 km/h !  

Un super vélo-cargo

En bouclant la journée, il nous restait encore 10 km de bon. Ce qui revient à dire qu’avec 2 personnes à bord, chauffage allumé, et en tenant pratiquement non-stop le pied au plancher, l’autonomie serait plutôt de 65 km. Le contact avec les autres usagers de la route n’a pas été mauvais. Aucun d’eux n’a manifesté son agacement. Les voiturettes, diabolisées il y a 10 ans, sont aujourd’hui dans l’air du temps… qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite, ça c’est une autre histoire. En revanche, ce qui nous a étonné, c’est l’indifférence des passants : rares sont ceux qui s’amusaient de la silhouette de notre hypercar. Elle passe presqu’inaperçue. Il faut sans doute le voir comme un signal positif. Pour conclure, je suis tenté de comparer l’Ami à un super vélo-cargo. Vélo-cargo, parce qu’elle peut accueillir un passager et des bagages. Super, parce que mieux qu’un vélo-cargo, on est à l’abris du froid et des intempéries dans un cocon silencieux. Sans oublier l’essentiel : on peut tenir une moyenne de 45 km/h, ce dont est bien incapable même le plus affûté des vélos-cargo !

Mots-clés: E-market Actualités
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