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Bike43 : deux amis pour une success story

il y a 2 ans | Maxime Herion

C’est une belle histoire. Etienne Richelle et Jean-Michel Mertz ont étudié ensemble à l’université. Puis, chacun a suivi sa route, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent autour d’un projet en rupture de leurs activités précédentes. Une nouvelle vie, somme toute, doublée d’une jolie réussite, puisque les vélos Bike43 se vendent bien, tout en contribuant à la nécessaire mutation de la mobilité. Et en plus, ils sont belges !

Merci de nous accorder un peu de votre temps à la veille d’un mois de septembre apparemment très chargé. La rentrée est traditionnellement très « cyclo » pour les familles ?

 

J.M.M - C’est souvent l’occasion d’envisager un achat pratique pour conduire les enfants à l’école ou améliorer les déplacements entre domicile et lieu de travail. Mais aujourd’hui dans notre métier, il n’y a plus vraiment de saisonnalité. La demande en vélos utilitaires est devenue constante quelle que soit la période de l’année.

 

Comment vous êtes-vous retrouvés associés comme fabricants de cycles ?

 

J.M.M. - Nous sommes sortis en même temps de polytechnique à l’ULB où nous avions passé de bons moments ensemble. Puis, nous avons mené notre carrière chacun de notre côté, pour finalement renouer le contact à Paris où nous avions nos métiers respectifs. Un jour, Etienne m’a parlé d’une idée qu’il avait autour du vélo et du transport alternatif. On a décidé de s’y atteler ensemble. Et voilà.

 

Etienne, vous venez du sport automobile. C’est un univers radicalement différent…

 

E.R – J’avoue, j’ai un lourd passif en CO2 (sic) après avoir sévi comme ingénieur notamment chez VZM et Oreca, mais aussi dans l’aéronautique où j’ai participé chez Airbus aux projets A340 et A380. Alors, pourquoi maintenant le vélo ? Parce que j’ai commencé à détester prendre ma voiture à Bruxelles où, comme il n’y a jamais de place de stationnement, on est obligé de se garer à des plombes. Et quand, enfin, on est derrière son volant, on a grand-peine à rouler dans une circulation qui bouchonne constamment. C’est franchement absurde et totalement inopérant. Idem quand, en été, il fait chaud et que l’on met l’airco pour 3 kilomètres… C’est aberrant. Le vélo me semblait nettement mieux adapté, mais il fallait l’aménager à mon goût. Quand on a eu notre premier enfant, mon épouse se déplaçait avec lui sur un vélo hollandais. Lorsqu’on a eu notre deuxième, il fallait trouver une autre solution. J’ai commencé à plancher sur un concept. Tout ça était lié à un changement d’existence et à une philosophie de la mobilité très éloignée de la course automobile !

Quand même… vous aimez toujours les belles voitures ?

 

E.R. - Honnêtement, je m’y intéresse moins et quand je vois des hypercars de 1.000 chevaux, je me dis que ça aurait été bien il y a 10 ans, mais en 2021 c’est complètement anachronique. Il y a aussi ce perpétuel problème de poids avec l’automobile. Les Tesla sont de superbes engins dont le principal défaut est d’accuser facilement 1.800 kilos sur la balance. Pour vous transporter tout seul au boulot le matin sur un trajet de 25 km, c’est un peu ridicule. Un e-bike mettra à peine plus de temps et, croyez-moi, en termes d’efficacité, il n’y a pas photo. Avec son petit 30 kilos, le vélo électrique a un rendement au moins 10 fois supérieur.

 

Quand vous vous êtes lancés, les longtail bikes avaient déjà leur créneau ? Ou êtes-vous parmi ceux qui ont imaginé la chose ?…

 

J.M.M. - Etienne a fait le tour du marché de vélos utilitaires pour pointer ce qui lui plaisait, mais il n’y avait rien qui répondait exactement à ce qu’il attendait. Du coup, il a créé un proto avec son propre cahier de charges. En deux mots, être durable, en acier, avec un cadre allongé, mais pas aussi encombrant que les vélos-cargos qui circulaient à l’époque.

 

Vous vous considérez comme les pionniers du genre ?

 

J.M.M. – En toute modestie, oui, Etienne est l’un de ceux qui ont initié le principe du longtail modulable. Il a surtout compris avant les autres qu’une roue arrière d’à peine 20 pouces procure davantage de stabilité et d’agilité. En plus, elle permet aux personnes de petite taille d’être à l’aise.

 

A l’époque, longtails et cargos étaient nettement plus nombreux. C’est un segment voué à prendre beaucoup d’essor ?

 

J.M.M. - Comparé aux vélos de ville ou aux VTT, ça restera un marché secondaire, mais qui va continuer à s’étendre, car il y a énormément d’intérêt du public pour un moyen de transport propre, abordable et fonctionnel. Le Bike43 réunit toutes ces qualités. Nous avons beaucoup de retour de revendeurs et tous nous racontent que le client démarre sur l’achat d’un modèle électrique classique et urbain, avant d’annuler sa commande pour aller vers un longtail qui offre infiniment plus de possibilités pour le transport d’enfants, de marchandises, pour aller faire les courses, ramener une ou deux caisses bien remplies ou la cage du chat… Je vous laisse compléter la liste.  

 

Ça remplace la deuxième auto du ménage ?

 

J.M.M. – Souvent. Ou ça permet dans le meilleur des cas de se passer carrément de voiture. Mais il faut absolument un vélo fiable sur lequel on peut compter au quotidien.

 

Votre Bike43 est plutôt citadin ou banlieusard ?  

 

E.R. - Les deux. A Paris, nous avons pas mal de clients qui viennent d’assez loin en périphérie vers la Défense ou le centre-ville. Notre longtail se prête aussi à la rando. Et pour les vacances, il est très simple à arrimer sur un porte-vélo.

 

Dans les couples, votre premier utilisateur est Monsieur ou Madame ?

 

J.M.M. – Chacun s’en sert, mais dans 100% des cas, la femme intervient dans l’achat. Son avis est essentiel.

 

En général, c’est une clientèle jeune ?

 

J.M.M. - Une majorité de familles ayant des enfants en bas âge.        

 

Les Bike43 sont de fabrication belge ?

 

J.M.M. - Leur conception l’est effectivement, tout comme l’assemblage que nous confions à une entreprise bruxelloise de travail adapté. Une série de pièces viennent de France et d’Allemagne. Les cadres sont construits, selon nos plans et nos instructions, en Europe de l’Est. Nous nous fournissons en Asie, chez Shimano, uniquement pour le moteur et ses périphériques.     

 

Vu la structure de l’engin et les charges importantes qu’il doit supporter, les homologations sont très strictes ?

 

E.R. - Nous sommes ISO 4210 pour le cadre et Shimono se charge de valider lui-même sa partie. Tous les équipements que nous achetons, sièges, porte-bagages, sont soumis à des standards respectés scrupuleusement par les marques qui nous les livrent. Tout ça est très réglementé et nous ne voulons prendre aucun risque. D’ailleurs, en ce qui concerne la partie portante, nous nous imposons des contraintes plus élevées que ce qu’exige la norme. Un laboratoire indépendant certifie le cadre et la fourche, deux éléments déterminants pour la sécurité.          

 

Combien coûte votre modèle d’entrée de gamme ?

 

J.M.M. - Les prix démarrent à un bon 3.200€ et ça peut aller jusqu’à 5.500€. Si vous ajoutez, par exemple, 2 sièges-enfants et un panier à l’avant, comptez 300€ supplémentaires.

 

L’exportation est déterminant dans votre business plan ?

 

J.M.M. - Nous ne pouvons pas nous contenter du marché belge, même s’il est notre référence. Nous sommes diffusés jusqu’en Scandinavie et en Espagne, en nous limitant à l’Europe.

 

A quand remontent les débuts de Bike43 ?

 

E.R. - Les premiers vélos commercialisés datent de 2016. En 5 ans, il y a eu deux générations de cadres, puisqu’il a fallu modifier la structure initiale pour adapter le moteur central.    

 

Au fait, pourquoi « Bike43 », pourquoi ce nom ?

 

J.M.M. – C’est un jeu de mot d’Etienne. Bike fo(u)r three, vélo pour trois. Il faudrait nous débaptiser en Bike44, mais non… on laisse ça comme ça !  

Mots-clés: E-market Actualités
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