Strategie
Software République : jouer collectif, plus que jamais !
Sorte de constellation 4.0, la Software République a pris ses quartiers à Guyancourt, chez Renault, puisque la marque au losange s’affiche clairement comme l’initiatrice du projet. Quel est son objectif ? Officiellement, contribuer à diminuer l’empreinte carbone que génère le transport routier sous toutes ses formes. Mais ce n’est pas la seule motivation.
Partie à haut risque
Par-delà ses préoccupations environnementales, la Software République se pose surtout en fleuron de la recherche française et européenne sur le marché mondial de la voiture électrique et, par extension, des énergies vertes.
Ce business est gigantesque. Aucune entreprise automobile normalement constituée ne peut l’ignorer, avec une croissance de plus de 60% d’ici 2035 pour atteindre 11.000 milliards d’euros ! Mais autant ce sera rentable pour ceux qui s’imposeront, autant cela coûtera cher à ceux qui trébucheront.
Pour répondre aux mutations profondes du secteur de la mobilité, les cinq partenaires ont donc décidé de joindre leurs compétences pour mettre au point une offre numérique fondée sur ces facilitateurs que sont l’intelligence artificielle, la cyber sécurité, le big data et les super calculateurs.
Ces « produits » doivent avoir une vraie valeur d’usage pour pouvoir être exploités par d’autres. Car ils seront transmis – commercialisés, pour le dire platement – dans une stratégie horizontale d’intégration tournée vers l’industrie, les services publics et, in fine, le citoyen.
Marge d’erreur minimale
Il est important de souligner que la Software République ne veut pas travailler en comité restreint. Elle a la volonté de s’ouvrir à de nouveaux membres pour élargir son champ d’action et se renforcer. On comprend la démarche : l’électromobilité exige de telles capacités de production et de tels investissements qu’il est impératif de réduire au strict minimum la marge d’erreur. D’où ce besoin de s’allier aux meilleurs spécialistes dans chaque domaine pour compléter les connaissances et optimiser la qualité d’analyse.
Concrètement…
Parmi les premiers dossiers auxquels s’attaque notre club des cinq, citons la simulation des flux pour faciliter l’accès et les échanges d’informations liés à la mobilité, de façon instantanée et ouverte à l’échelle d’un territoire. Ceci afin d’apporter des solutions pour fluidifier la circulation, réduire les embouteillages et les émissions polluantes. Au programme des prochains mois figure aussi l’application « Plug&Charge » qui vise à simplifier la charge électrique. Ce dispositif permettra à une voiture, branchée sur n’importe quelle borne compatible, d’être identifiée, de manière à rendre possible le paiement automatique de la charge.
Si tous les développements envisagés doivent tendre vers un abaissement drastique du CO2, ils ont aussi pour priorité de simplifier la démarche des fournisseurs et des utilisateurs. Avec deux impératifs incontournables : empêcher les intrusions frauduleuses et être d’une totale fiabilité. Sinon, ce sera le méga bug…
Où s’arrête le partage ?
Il ne vous aura pas échappé que si la Software République s’affiche en défenseur des intérêts de notre continent sur le marché planétaire de la nouvelle mobilité, elle n’a invité aucun autre constructeur à se joindre à Renault. Pas de Stellantis, pas de Daimler AG, pas de Volkwagen. Et d’ailleurs, s’ils y avaient été conviés, auraient-ils accepté ? Face à la puissance de l’Asie et sa compétitivité, la réplique doit être sans faille. Or, les grands groupes européens ne semblent pas enclins à faire cause commune, y compris dans la sphère complexe du digital et de l’électronique. C’est « chacun son pré carré »… Mais l’avenir nous contredira peut-être.