Strategie

Georges-Louis Bouchez : la parole libérée

il y a 2 ans

Il n’est pas fréquent qu’un président de parti (du MR en l’occurrence) soit du genre à déranger, par son style, sa dégaine. Georges-Louis Bouchez fait bouger les lignes. Et agace sans doute par son franc-parler, son âge - 35 ans à peine - et ses jolis tatouages. Nous, il nous intrigue.

Vous vous déclarez ouvertement amateur d’automobile, ce qui est assez courageux par les temps qui courent. Visiblement, pour vous, le sujet n’est pas tabou.

GLB - Non, pas du tout. Il se fait qu’il y a aujourd’hui « un petit monde » qui considère que l’automobile, c’est mal. Or, moi, je suis convaincu que la majorité des gens ne raisonne pas ainsi. Très rares sont ceux qui peuvent réellement se passer de leur voiture. Et puis, au-delà de ça, c’est un choix personnel. J’aime vraiment l’automobile, j’adore la F1 et ne comptez pas sur moi pour me priver de ce plaisir. J’assume et je rappelle quand même que cette invention a révolutionné le monde. S’il ne faut en retenir que 10 ou 15 dans l’histoire de l’humanité, elle en fait partie, c’est une évidence, comme il est évident que c’est une industrie essentielle pour l’économie.

 

Il ne faudrait pourtant pas prétendre que tout est parfait…

GLB - Comme on a amélioré la sécurité dans les années 60/70, il faut maintenant prendre en compte les enjeux environnementaux et les problèmes de congestion. Ça tombe sous le sens.

  

Avec l’électrique, on progresse quand même ?

GLB - Oui, mais il ne faut pas tout miser sur l’électrique. C’est une erreur. L’efficacité de chaque type de motorisation varie selon l’utilisation qu’on en a. Même un diesel Euro6 a sa place dans la mobilité telle qu’on la conçoit actuellement. Son degré de propreté dans un contexte donné peut être parfaitement satisfaisant. Comme l’hydrogène qui offre de vraies perspectives… Mais laissons les constructeurs nous le démontrer plutôt que de leur dicter ce qu’ils doivent faire. Ils ont la compétence, le savoir-faire et une vraie vision technologique.

Si je vous entends bien : trop de dogmatisme des gouvernements, trop de dirigisme des institutions internationales ?

GLB - Trop. Que les Etats fixent les objectifs et que les ingénieurs définissent la meilleure manière d’y parvenir. A chacun sa sphère de compétence… Dans ce dossier, les politiques ont deux grandes lacunes : la méconnaissance du secteur et le défaut de ne pas penser l’avenir à assez long terme. Je suis persuadé que la voiture autonome va prendre de plus en plus de place dans la mobilité du futur. Il est plus que temps d’analyser les aspects liés à sa gestion, depuis les infrastructures jusqu’au cadre juridique.

 

Ce sont de très gros chantiers. Et la plupart des dirigeants européens sont assez frileux face à ces investissements.

GLB - Il faut partager l’effort. Pourquoi l’Etat devrait-il tout supporter ? Les constructeurs sont devenus de véritables sociétés financières. Ils ont largement les moyens de contribuer. Que chacun contribue et trouve son compte en aidant la collectivité.   

 

Face aux décisions prises pour Bruxelles, l’interdiction des moteurs thermiques, la cohabitation voitures-vélos, les limitations de vitesse, comment réagissez-vous ?

GLB - Bruxelles n’a pas vocation à devenir une ville-autoroute, je suis le premier à l’admettre. D’accord pour des alternatives, mais il faut qu’elles soient efficaces. Alors, la population adhèrera. Tenez, l’exemple du train. Je viens de Mons. De porte à porte, ça prend 2 heures, un peu moins les bons jours. Quand on a une charge de travail conséquente, on ne peut pas donner quotidiennement 240 minutes de son temps pour se déplacer. Donc, trouvons d’autres montages qui associent divers moyens de transport en nombre suffisants et qui s’enchaînent vite. Je crois aux parkings de dissuasion, à la multimodalité, aux navettes urbaines… mais je ne cautionne pas l’attitude d’Ecolo, Groen et Sp.a qui veulent rendre le transport automobile tellement compliqué que l’usager, dégoûté, finira par passer à autre chose.             

Votre parole est très franco, ce n’est pas le discours politique classique. Vous devez vous sentir un peu seul dans l’arène ?

GLB - Disons que j’ai des opinions bien tranchées. Je ne suis pas prêt à me ranger derrière la pensée unique sous prétexte qu’elle ne fait pas de vagues.

 

Dans ce cas, parlons du sport automobile…

GLB - Il est de bon ton de le critiquer. Or, la F1est un formidable banc d’essai qui booste la R&D et permet de dégager plein de solutions adaptables aux véhicules de série. Quoi qu’on affirme, une saison de Grands Prix ne pollue pas plus qu’une Coupe du Monde de foot ou une méga tournée de Madonna.

 

Vous-même, vous courez en Fun Cup. Dans les milieux politiques, ça doit faire tache…

GLB - D’abord, je ne connais pas de sport parfait, ils ont tous leurs travers. Mais plutôt que de pointer ce qui ne va pas, voyons l’enthousiasme qui s’en dégage. Et ce qu’il apporte : une vitrine pour les constructeurs et les partenaires, la recherche de la performance, du travail pour pas mal de monde… L’attrait est là, l’intérêt aussi. Et à ceux qui estiment qu’il n’est pas utile de tourner sur un circuit, je réponds que ce n’est ni mieux ni moins bien de courir derrière un ballon ou d’aller écouter Cold Play dans un stade bondé.

 

Qui aime la course, aime la vitesse. Les zones 30, ce n’est pas pour vous ?

GLB - Détrompez-vous. Je suis partisan du 20 km/h à la sortie des écoles… Mais tout est affaire de nuances. Puisque vous parlez de limitations de vitesse, je trouve qu’elles devraient être évolutives tout au long de la journée. Rouler à 120 km/h à 17h00 sur une autoroute bondée, c’est absurde. A ce moment-là, ce devrait être 80 km/h. Même chose dans les tunnels à Bruxelles. Autant je peux comprendre le 50 km/h en journée, autant le soir 70 km/h pourrait convenir. On a toute la technologie pour ça, il n’y a plus qu’à !

Mots-clés: Strategie Actualités
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